Interview de Jean-Luc Baras, Président du CNA

Propos recueillis par Caroline LYRAS

Publié le 5 déc. 2023

Interview de Jean-Luc Baras, Président du CNA

de droite à gauche : Jean-Luc Baras, Président du Conseil National des Achats, Karine Alquier-Caro, Directrice Executive des Achats Groupe Legrand, Olivier Lluansi Associé - Strategy& et PwC, Jean-Michel Mardelle, Directeur Filières et Achats de Fleury Michon, reçus à l’Élysée pour présenter l’étude sur la relocalisation

 

Le 24 mars 2021 Olivier Lluansi Associé - Strategy& PwC, Jean-Luc Baras Président du Conseil National des Achats et Directeur des Achats d’Eiffage, et Jean-Philippe Thierry Directeur Innovation et Industrie du Futur chez France Industrie ont été reçus à l’Élysée pour présenter l’état à date de l’étude sur la relocalisation par la demande. Ils étaient accompagnés de grands donneurs d’ordres, ambassadeurs de leur filière : Karine Alquier-Caro, Directrice Exécutive des Achats Groupe Legrand, Jean-Michel Mardelle, Directeur filière et achats et Membre du comité de direction de Fleury-Michon, Bruno Carrière, Directeur Général d’UniHA, et d’Anna Cohen Directrice -Strategy& et PwC.

 

Interview de Jean-Luc Baras qui nous en dit plus sur cette rencontre au sommet de l’État :

 

Comment s’est déroulée la présentation de l’étude ? Quel a été l’angle choisi ?

La réunion avait quatre objectifs : présenter l’avancement du projet PwC-CNA sur le potentiel de relocalisation, valider les orientations en matière de stratégie de relocalisation sur chacun des segments, discuter des engagements des donneurs d’ordres dans le cadre de ce processus, et valider les prochaines étapes.

Grâce à la qualité du travail d’analyse mené par PwC, sur les datas offre/demande, sur les facteurs favorables (industries prioritaires, nouveaux usages, attributs de la demande, nous avons détaillé les opportunités d’une relocalisation sur deux segments d’achats : les PCBA (électronique cartes circuits imprimés) et le plastique dans le secteur alimentaire.

La prochaine étape consiste en la signature des LOI (Letter Of Intent) rassemblant les donneurs d’ordres des secteurs concernés d’une part, et les « preneurs d’ordres » potentiels représentés par leur syndicat ou leur fédération.

Nous avons décidé de consolider et d’élargir ces groupes en impliquant d’autres acteurs de secteurs appropriés.

 

Pourquoi avoir choisi les secteurs des composants électroniques et le plastique dans le secteur alimentaire ?

Le secteur des composants électroniques est très important car la relocalisation contribue à la sécurisation de la chaîne d’approvisionnement. C’est une motivation supplémentaire pour les donneurs d’ordres. Pour la filière plastique, la relocalisation favorise le circuit court et réduit l’empreinte carbone. Cela présente un intérêt majeur d’utiliser la recyclabilité du matériau.

  

Quelle a été la réaction de l’Élysée face à ses propositions ?

Nous avons reçu un très bon accueil de la part de l’Élysée qui s’est montré à notre écoute et désireux de nous aider dans cette démarche, afin que nous puissions continuer. Ils seront attentifs à créer notamment les dispositifs financiers adaptés. Le conseiller Economie-finance-Industrie du cabinet du Président de la République a été séduit par le fait que des grands donneurs d’ordres puissent acheter ensemble, c’est un processus novateur qui crée un « effet de levier » particulièrement intéressant. Pour le mettre en pratique, une vision stratégique commune est indispensable. Nous sommes face à un enjeu extrêmement important.

 

Cette visite semble marquer une étape importante pour la reconnaissance de la fonction achat en général, et pour celle du CNA en particulier… Quel est votre sentiment à ce sujet ?

Il s’agit en effet d’une étape importante dans la reconnaissance institutionnelle du CNA et de la fonction Achats dans son rôle d’acteur important de la résilience industrielle et de soutien aux territoires aux travers des enjeux de relocalisation et de réindustrialisation dans le contexte du Plan de relance gouvernemental.

Ces échanges nous ont permis de mettre en avant le rôle du CNA, son maillage territorial sur l’ensemble de la France et ses actions d’influences, d’engagement et de contractualisation de grands donneurs d’ordre français qui pourront être déclinées au sein des régions au bénéfice de la relance économique, dans les territoires et régions, notamment vers les TPE/PME afin de renforcer le tissu productif national.

Nous avons aussi évoqué la création en septembre 2021 d’un Observatoire de l’Achat Public intégrant toutes ses dimensions à la fois économiques, juridiques, humaines… L’Elysée s’est montré particulièrement intéressé par ce projet.