Achats durables et chaînes d’approvisionnement responsables : où en sont réellement les entreprises européennes ?
La durabilité n’est plus un simple sujet d’image ou de communication. Elle est devenue un enjeu stratégique majeur pour les directions achats, au cœur des transformations économiques, réglementaires et sociétales que traversent les entreprises européennes. Dans ce contexte, Unite, en partenariat avec l’Institut JARO pour la durabilité et la digitalisation, a mené une étude approfondie afin de mieux comprendre l’état actuel des achats durables et des chaînes d’approvisionnement responsables.
Cette étude, menée en 2025 auprès de professionnels issus de différents secteurs, apporte un éclairage concret sur les pratiques existantes, les priorités des entreprises, mais aussi les freins persistants qui ralentissent la mise en œuvre d’une stratégie d’achats réellement durable.
Des intentions fortes, mais des niveaux de maturité variables
L’un des enseignements majeurs de l’étude est le décalage entre la volonté affichée des entreprises et leur niveau réel de maturité opérationnelle. La majorité des organisations interrogées reconnaissent l’importance des achats durables et les considèrent comme un levier clé pour réduire leur impact environnemental, sécuriser leurs approvisionnements et répondre aux attentes croissantes des parties prenantes.
Cependant, si les intentions sont largement partagées, leur traduction concrète varie fortement d’une entreprise à l’autre. Certaines ont déjà structuré leur démarche autour de politiques claires, de codes de conduite fournisseurs et de critères ESG intégrés dans les processus d’achat, tandis que d’autres en sont encore à des actions ponctuelles ou exploratoires.
Le rôle central des fournisseurs dans la chaîne de valeur
L’étude met en évidence le rôle déterminant des fournisseurs dans la réussite d’une stratégie d’achats durables. Près de la moitié des entreprises disposent déjà d’un code de conduite fournisseur, destiné à encadrer les exigences sociales, environnementales et éthiques tout au long de la chaîne d’approvisionnement.
Toutefois, la simple existence de ces documents ne suffit pas. Le véritable enjeu réside dans leur application effective, le suivi des engagements pris et la capacité à instaurer une relation de partenariat durable avec les fournisseurs. Cela implique davantage de transparence, de dialogue et parfois une montée en compétences des partenaires eux-mêmes.
Réglementation, données et gouvernance : des leviers clés
La pression réglementaire croissante joue également un rôle moteur. Les entreprises doivent composer avec des exigences de plus en plus strictes en matière de reporting extra-financier, de devoir de vigilance et de traçabilité des chaînes d’approvisionnement. Pour beaucoup, ces obligations constituent un catalyseur, les poussant à structurer leurs démarches et à professionnaliser leurs pratiques d’achats durables.
L’étude souligne aussi l’importance des données et des outils digitaux. La capacité à collecter, analyser et comparer des données fiables permet non seulement de mesurer les progrès réalisés, mais aussi d’identifier des axes d’amélioration et de se positionner par rapport à d’autres acteurs du marché. Sans indicateurs clairs, il devient difficile de piloter une stratégie durable sur le long terme.
Enfin, la réussite repose largement sur la gouvernance interne : l’engagement de la direction, la collaboration entre les équipes achats, RSE et finance, ainsi que la formation des collaborateurs sont des facteurs déterminants pour passer d’une ambition à une transformation réelle.
Une transformation progressive, mais incontournable
Ce que montre clairement l’étude, c’est que les achats durables ne sont plus une option. Ils s’inscrivent dans une dynamique de transformation structurelle, où performance économique et responsabilité vont de pair. Les entreprises qui avancent dès aujourd’hui sur ces sujets renforcent non seulement leur résilience, mais aussi leur attractivité et leur crédibilité à long terme.
Pour autant, le chemin reste semé de défis : complexité des chaînes d’approvisionnement, manque de ressources, difficulté à harmoniser les pratiques à l’échelle internationale. Autant de sujets que l’étude analyse en profondeur, en s’appuyant sur des données concrètes et des retours terrain.
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